Chaque animateur va animer sa partie de manière différente. Cependant, il existe une trame qu'il ne faut pas modifier

Introduction

Ice breaker

Il peut être utile de démarrer par une entrée en matière qui détend l’atmosphère : faire un tour de prénom, se présenter brièvement, se masser deux à deux le lobe de l’oreille, faire un jeu de l’évolution, organiser un jeu de la bombe et du bouclier, etc

Briefing et démarrage

Le briefing des équipes est rapide car il suffit de leur expliquer qu’il faut remettre les cartes dans l’ordre des causes et des effets. Insistez aussi sur l’importance de la collaboration au sein de l’équipe : il faut que tout le monde participe (à vous de veiller à ce que ce soit le cas, également). Donnez-leur enfin des éléments de timing. Pour démarrer, il est conseillé de mélanger les cartes du lot n°1 sur la table (sinon elles sont presque dans l’ordre) et de ne pas donner d’instruction pour ce qui est de lire le verso des cartes. De cette façon, les équipes vont plus facilement tomber dans le piège de la banquise qui ne fait pas monter le niveau de l’eau. Une fois que toutes les cartes du lot 1 sont placées (en général en ligne), et pas avant, dites-leur de lire le verso. Se tromper et se corriger est très efficace pour l’apprentissage, c’est pour ça qu’il y a un piège au début.


Partie intellectuelle

La première phase consiste à placer l’ensemble des 42 cartes et à dessiner les flèches entre les cartes. Distribuer les lots au fur et à mesure que les cartes du lot précédent sont positionnées correctement. A partir du lot 3 ou 4, il faut commencer à dessiner les flèches. Afin que vous ayez un repère, la « ligne » composée des cartes 21 (température), 17 (T° de l’eau), 16 (glaciers), 18 (banquise) et 19 (calottes) doit se situer à peu près la moitié de la longueur de la table. Si ce n’est pas le cas, l’équipe aura du mal à mettre toutes les autres cartes en aval. Il est donc temps, vers le lot 3 ou 4, de leur suggérer de compacter les cartes sur le début de la fresque.

Il est conseillé d’intervenir le moins possible pendant cette phase. Toutes les informations sont au dos des cartes, donc ils ont de quoi s’en sortir. Vous pouvez éventuellement suggérer aux participants de relire une carte quand vous devinez qu’ils ne l’ont manifestement pas fait et de la lire à voix haute pour que tous les membres du groupe entendent les explications. Important : passer le moins de temps possible sur chaque table. Identifiez rapidement là où ça cafouille, proposez aux participants de relire une à trois cartes et passez à la table suivante.

Une astuce s’ils s’enlisent : « lisez le verso des cartes et cherchez si vous trouvez les intitulés d’une autre carte. Si c’est le cas, c’est qu’il y a un lien. »

Dans le cas ou certains partipants commencent à en avoir marre du jeu, proposer leur de commencer la partie suivante.


Partie créative

Présentation

A un tiers du temps imparti (vous avez une marge pour déraper jusqu’à la moitié du timing), il est l’heure de passer à la phase artistique. Cette phase est importante dans le processus d’apprentissage car elle permet de s’approprier le travail réalisé, de faire travailler une autre partie de son cerveau, de laisser d’autres profils s’exprimer (certains sont plus à l’aise dans cet exercice que dans le précédent). A vous, donc de les motiver et de leur faire prendre au sérieux cette étape.

Concours

Principe

Pour motiver les participants à jouer le jeu de la phase créative, une bonne solution est de les mettre en concurrence et de faire un concours entre les tables. C’est à celle qui fera la plus belle fresque (la théorie, dans ce cas, on s’en fiche). Le jury peut être le ou les animateurs ou bien les participants eux-mêmes. Dans ce dernier cas, demandez-leur de dessiner un cadre sur leur fresque pour que les autres participants puissent voter avec une croix. Chacun a une seule voix et on ne peut pas voter pour sa propre fresque.

Astuces pour matérialiser le vote : chacun met sa main sur une fresque et on compte (ça évite la triche !). Les vainqueurs ont gagné le droit de… faire un pitch devant tout le monde !

Objection

Il est parfois objecté qu’il n’est pas congruent d’utiliser le mode compétitif pour animer la fresque alors que par ailleurs, on prône la collaboration et l’entraide pour tenter de sauver le monde. L’association n’a pas de position sur ce point. On peut être contre l’idée d’utiliser le mode compétitif, mais on peut aussi considérer que la compétition est une émulation forte entre les équipes et qu’elle sert le caractère ludique. Lorsqu’elle a lieu dans un cadre ludique ou sportif, elle n’a rien à voir avec celle dont on parle dans le domaine économique. Pour conclure, et pour être cohérent avec l’organisation « Swarmwise », c’est à l’animateur de décider du mode d’animation. Dans le cas d’un évènement avec plusieurs animateurs, c’est l’avis du coordinateur qui prévaut. Il peut décider d’imposer le concours, de l’interdire ou de laisser chaque animateur choisir.

Choix du titre

Le choix du titre est un moment crucial dans le déroulé de la Fresque. Il intervient au cours de la phase créative, mais il faut penser à prévenir les participants depuis le début pour qu’ils laissent une surface libre pour l’écrire. Le choix du titre est souvent le moment où les participants vont mettre des mots pour la première fois sur ce qu’ils ont ressenti en apprenant tout ça sur le climat. Les premières idées de titre sont souvent très noires (« la fin du monde », « la destruction de l’Homme par l’Homme », etc.). Ne les en dissuadez pas, c’est important que chacun exprime son ressenti à ce moment précis. L’équipe décidera surement d’elle-même, en intelligence collective, de choisir un titre plus « positif ».

Pitch

Le pitch consiste à faire un exposé sur le changement climatique en utilisant la fresque fraichement réalisée accrochée à un mur. Dans le cas où il y a un concours entre les équipes, ce sont les gagnants qui font le pitch. Sinon, c’est l’équipe qui le souhaite. Evitez de faire faire un pitch à chacune des équipes, sinon ça va être long et ennuyeux car ça risque d’être N fois la même chose. Si les équipes souhaitent vraiment toutes participer, alors demandez-leur de parler d’une seule carte/lien qui les a marqués plus que les autres, ou de leur titre.

Debrief

Présentation

Le débrief est la partie la plus importante de l’animation. A la limite, le début a juste servi à ce que le débat qui suit ait lieu, qu’il soit intéressant, que les participants aient les bonnes informations et qu’ils soient dans de bonnes dispositions.

Il est compliqué de donner des conseils pour animer le débat, car c’est le talent de l’animateur qui va tout faire, ses connaissances, sa sensibilité et son expérience de l’animation sur ces sujets. Voici quand même quelques éléments :

  • Ne pas trop intervenir et laisser les participants prendre la parole. Il ne faut pas que le débat devienne une session de questions-réponses avec l’expert. Si on se dirige vers ça, pourquoi pas pendant 10 minutes, mais ensuite il faut lancer un tour de table pour que les participants deviennent plus actifs et s’expriment à leur tour.
  • Faire circuler la parole et faire attention à qui a levé la main et dans quel ordre. A la limite, si l’animateur se contente de faire la distribution de la parole, c’est déjà très bien. Il faut éventuellement instaurer des règles de communication non-verbale comme presenté sur l'image ci dessous.

 

Solution

Certains joueurs expriment le regret de ne pas aborder les solutions après un constat si pesant, voir déprimant. C’est un choix assumé de l’auteur de ne pas proposer de solution dans la Fresque. Les raisons sont multiples :

La première est que les solutions ne sont pas de la même nature que le constat scientifique. L’ensemble des données de la Fresque viennent des rapports du GIEC et sont incontestables. Les solutions, elles, sont d’ordre politique, elles sont subjectives et doivent donner lieu à des débats. Cela serait complètement artificiel d’ajouter des cartes de solutions et cela desservirait la crédibilité de l’outil dont le plus bel éloge qu’on ait pu lui faire est « qu’il n’est pas partisan ».

La seconde est que les solutions qui nous viennent à l’esprit dépendent beaucoup de notre niveau de conscience sur les sujets de l’environnement. On pense d’abord aux énergies renouvelables, puis on lit Philippe Bihouix et on réalise qu’il n’y aura pas assez de minerais pour faire les éoliennes et les panneaux photovoltaïques pour remplacer le fossile. On comprend alors qu’il va plutôt falloir investir dans l’efficacité énergétique. Mais là encore, en lisant William Stanley Jevons (Paradoxe de Jevons ou effet rebond) ou François Roddier (Thermodynamique de l’évolution), on comprend que tous les gains en efficacité vont juste permettre de faire accélérer l’économie et ne nous empêchera pas d’aller dans le mur. Et surtout, on n’a gagné que 1 % par an sur de plan de l’efficacité énergétique depuis des décennies et cela n’est pas à la hauteur de l’enjeu. On se met alors à remettre en cause la croissance économique, la notion de PIB, voire on s’en prend à la croissance de la population mondiale. Enfin, quand on a lu le rapport au club de Rome ou les livres de Pablo Servigne, on est mûr pour parler d’effondrement.

Voici, en quelques étapes, le cheminement de beaucoup de militants du climat. C’est un parcours individuel et il est important de respecter le rythme de chacun. Parler de décroissance à quelqu’un qui n’en est qu’au début de la prise de conscience, c’est prématuré et contre-productif. On peut déclencher des réactions de rejet. C’est donc à l’animateur de guider les participants au cours du débrief, en s’adaptant à leur niveau de prise de conscience et à leurs sensibilités.

Conseil pour lancer le débat

La plupart du temps, le plus dur est de lancé le débat. Ensuite, les participants se répondent entre eux. Voici quelques méthodes permettant de lancer le débat :

  • Demander la carte qui les a le plus marqué, et pourquoi
  • Demander ce qu'il en tire comme information et comme prochaine action
  • Evaluer l'optimisme du groupe à la question climatique en levant la main plus ou moins haut, puis demander a certains extrèmes de présenter leur idée.